Duels pour un duel
Nous y voici donc. Les trois derniers matches de la saison 2012/2013 approchent à grande vitesse sur le calendrier.
Ils étaient trente deux sur la ligne de départ – certes, loin d’être tous convaincus de leurs chances de faire le voyage pour la Nouvelle Orléans le 3 février.
Ils ne sont plus que quatre à prétendre au graal, le fameux trophée Lombardi, la mythique récompense décernée au vainqueur du SuperBowl.
Pour cela, il faut déjà commencer par franchir l’obstacle des finales de Conférence, les « Championship Games », qui se joueront dimanche l’un à la suite de l’autre, la finale NFC pour commencer (San Francisco à Atlanta), puis la finale AFC (Baltimore à New England).
Pour les 49ers, ce sera la quatorzième participation à l’épreuve. La dernière en date remonte à … l’an dernier. Les Giants, en route pour la victoire finale, s’étaient imposées à Candlestick Park à l’issue de la prolongation, sur le score de 20 à 17. Les bévues des équipes spéciales de San Francisco avaient grandement servi les New Yorkais.
Le bilan des Rouge et Or sur leur treize participations est de huit défaites pour cinq victoires. Mais fait remarquable, ils ont gagné le SuperBowl à chaque fois dans la foulée. Autrement dit, quand ils remportent le titre NFC, la couronne suprême est pour eux. A leur tête, pour quatre de ces cinq victoires, le légendaire « meilleur quarterback de tous les temps ? », Joe Montana, le mythique passeur des années 80 /90.
Depuis cette époque bénie et jusqu’à la saison dernière, les Californiens ont connu une épouvantable traversée du désert et sérieusement terni leur blason. Leur retour en force fait plaisir (ou peur, c'est selon).
New England pour sa part jouera sa septième finale en douze saisons depuis l’arrivée du génial Bill Belichick au poste d’entraîneur en chef, la neuvième de son histoire au total. En huit participations, les Patriots ont gagné sept fois, pour une seule défaite contre Indianapolis en janvier 2007, dans un match resté célèbre (les Colts de Peyton Manning avaient rattrapé un retard de 18 points pour s’imposer 38-34). Beaucoup s’agacent de l’incroyable domination des Bostoniens sur la conférence Américaine, réclament du sang neuf. On peut les comprendre. On peut aussi être admiratif devant une performance exceptionnelle dans la durée, à une époque où le salary cap est imposé et où le système de draft donne chaque année le choix des meilleurs jeunes joueurs aux équipes les moins performantes.
Baltimore, franchise créée plus récemment (en 1996), a un palmarès moins éloquent, mais elle est une puissance de la NFL depuis les années 2000. Elle a remporté le « Championship » AFC en 2000, et le SuperBowl – son unique titre – dans la foulée. Les Ravens joueront dimanche leur quatrième finale, la troisième en cinq saisons, signe de leur compétitivité.
Ces trois là ont participé à treize SuperBowl au total, se partageant neuf titres.
Du coup, Atlanta fait un peu figure de petit poucet dans le dernier carré. Une seule participation au SuperBowl – match perdu – en 1999. Dimanche sera seulement leur troisième finale NFC. La dernière remonte à huit ans, et dans le duel des oiseaux de proie, les Faucons s’étaient inclinés chez les Aigles de Philadelphie.
Heureusement pour eux, les palmarès ne suffisent pas à déterminer les vainqueurs.
Ils auront cependant fort à faire contre San Francisco, donné assez majoritairement favori par les spécialistes.
Il faut dire que les options offensives permises par l’alignement de Colin Kaepernick au poste de quarterback – qui peut courir autant que passer, sont une menace difficile à contenir pour les défenses adverses. Les Packers ont fait les frais la semaine dernière de cette « read option » exécutée à l’extrême, concédant les yards comme une équipe contrôlée par l’ordinateur en mode « débutant » dans un jeu vidéo.
Atlanta aura fort à faire pour museler l’attaque californienne. Marquer le receveur Crabtree, empêcher Kaepernick de partir tout seul avec le ballon, bloquer le coureur Frank Gore. Tout le monde devra être très vigilant chez les Falcons.
Et comme les 49ers présentent une des défenses les plus redoutables de la ligue, l’opération n’est guère plus simple de l’autre côté du ballon. C’est là, cependant, qu’Atlanta peut faire valoir ses meilleurs arguments. On l’a vu durant une mi-temps contre Seattle. Quand Matt Ryan et ses petits camarades sont synchro, ça joue très bien et ça marque. Si Michael Turner, le running back ressuscité contre les Seahawks, est capable de rééditer quelques percées pour soulager son quarterback, le match pourrait bien être plus équilibré qu’annoncé.
Pour ma part, je prends des risques et je vote Atlanta à l’intuition, victoire à domicile dans un match évidemment serré : 28-24. Mais les 49ers infligeaient une raclée aux Falcons, je n'en serais pas autrement surpris :-)
Dans la finale AFC, on a l’impression que toutes les données sont connues. Les deux équipes étaient déjà là l’an dernier, dans la même configuration (New England à domicile). Une grande partie des joueurs est toujours présente dans les effectifs respectifs des Patriots et des Ravens.
Pourtant...
Ce sera l’une des dernières – la dernière en cas de défaite – apparition du légendaire Ray Lewis pour Baltimore. Le linebacker vétéran se verrait bien refaire un tour au SuperBowl, lui qui était de l’équipe victorieuse en 2000. La victoire surprise à Denver au tour précédent lui doit un peu (leader au nombre de tackles). Elle doit surtout au redoutable Joe Flacco et ses receveurs funambules. Le quarterback des Ravens, je l’avais écrit dans un précédent post, est un adepte – efficace – des « big plays », ces passes de 20/25 yards et plus qui transpercent les défenses et marquent des touchdowns. Contre Denver, il en a sorti deux remarquables. Contre Indianapolis, au premier tour, il avait trouvé ainsi son receveur Anquan Boldin à plusieurs reprises en deuxième mi-temps pour faire décrocher les Colts. Avec les Torrey Smith, Jacoby Jones et autres Boldin à ses côtés, Flacco ressemble au pilote d’un bombardier en territoire ennemi.
Ensemble, ils forment à mon sens LA grande menace pour les Patriots, dont la défense est celle qui a concédé, de toute les équipes de la Ligue, le plus grand nombre de ces passes de 20 yards ou plus durant toute la saison (74 !).
Alors certes, le secondary des Pats s’est renforcé avec l’arrivée d’Aqib Talib, l’émergence d’Alfonzo Dennard, et le glissement de Devin Mc Courty au poste de safety. Et New England présente un bilan redoutable en interceptions et turnovers concédés.
Mais il n’en reste pas moins que c’est dans la capacité de toute l’équipe défensive des Patriots à contrecarrer les plans des Ravens – pas seulement le secondary, que se jouera le match. Presser Flacco le plus souvent possible pour l’empêcher de dégainer, voilà la mission que devront réussir les Ninkovich, Spikes, Mayo et autres Hightower pour accéder à un nouveau SuperBowl dans quinze jours.
En attaque, les Patriots paraissent suffisamment rodés pour marquer des points. Ils ont la meilleure attaque de la Ligue. Ils sont les plus efficaces dans la zone de vérité, les 20 yards adverses. Sans paraître forcer, ils ont passé 41 points aux Texans dimanche. S’ils ne se font pas décrocher au score, ils pourront s’appuyer sur le jeu de course qui leur faisait défaut l’an passé, Brady ajuster le tempo d’une ‘no-huddle’ offense maîtrisée à la perfection, qui agace et épuise leurs adversaires, et faire monter le score.
Le pronostic : celui du cœur (qui est aussi celui d’une majorité d’observateurs) : New England, dans un match à plus de 30 points.
Mais c’est un match que je crains. En début de saison régulière, et dans des circonstances différentes, Baltimore a gagné d’un petit point (31-30).
Et cette année, ils n’ont plus Billy Cundiff * dans leurs rangs mais un jeune kicker redoutable.
En tout cas, ça vaudra le coup d’œil, c’est certain.
Alors stay tuned !
* Cundiff avait manqué un fiel goal facile dans les dernières secondes de la finale l’an dernier, qui aurait envoyé les Ravens en prolongation. Il n’a pas survécu à son coup de pied raté.